Publié le 02 mars 2023

[NEWS TANK SPORT] Paris 2024 : « J’attends beaucoup des Jeux pour l’ensemble du sport en France » (Gilles Moretton, FFT)

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« J’attends beaucoup des Jeux de Paris 2024 pour l’ensemble du monde du sport en France. Ce sera forcément un grand événement. Ce qui m’intéresse, c’est de savoir ce que nous allons laisser comme héritage pour la France. Nous espérons que nos sportifs pourront jouer des médailles. Mais ce qui est le plus important pour nous, c’est ce que nous allons mettre en place autour des Jeux pour attirer de nouveaux licenciés dans nos clubs », déclare Gilles Moretton, président de la Fédération Française de Tennis, à News Tank, le 20/02/2023.

Dans la perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, News Tank publie une série d’entretiens réalisés auprès des présidents de Fédérations olympiques. Après notamment Jean-Pierre Siutat (FFBB), Thierry Raphet (FFBS), Pascal Grizot (FF Golf), Alain Carrière (FFME), Philippe Bana (FFHB) ou encore Bruno Gares (FFE), c’est au tour de Gilles Moretton de s’exprimer.

« Je n’invente rien : je m’inspire de ce qui fonctionne ailleurs dans le tennis pour le réadapter à notre façon de faire. Nous devons nous inspirer de ce qui marche. C’est la même chose pour le padel, le beach tennis et le para tennis, qui, à mon arrivée, étaient rangés au fond des placards. On était la fédération du tennis, et uniquement du tennis. Nous nous sommes complètement saisis de ces sujets. Pourquoi traiterions-nous les para athlètes différemment des valides ? Eux aussi veulent des médailles à Paris 2024, et nous misons sur eux pour le faire. Nous avons remis à l’ordre du jour le développement du padel et nous sommes très ambitieux sur la discipline. Désormais, tout le monde parle de padel ! Toutes les villes veulent des installations, accueillir des événements, accélérer la formation, etc. Nous avions donc vu juste », indique l’ancien président du LDLC ASVEL (Betclic Élite, 2001-2014).

« La marge brute d’autofinancement de la FFT, le plus significatif des indicateurs, a doublé depuis 2019 pour s’établir à 60,7 M€. Nos délégués fédéraux, nos élus, soit l’organisme le plus important d’une fédération, ont validé à plus de 95 % la politique menée à la Fédération lors de notre assemblée générale des 14 et 15/01/2023. Nous avons été élus pour changer notre modèle alors en échec, et nous l’avons fait. Nous avons dû passer par une étape de transformation de la Fédération. Cette modernisation était nécessaire. L’ambition et l’exigence sont au cœur de ces changements », ajoute Gilles Moretton, qui répond aux questions de News Tank.

« L’image du tennis est en train de changer » (G. Moretton, FFT)

Comment se porte la Fédération Française de Tennis ?

La FFT avait perdu 95 M€ d’euros pendant la crise du covid-19 »

« La Fédération se porte bien. Je suis ne suis là que depuis deux ans et les choses ont déjà évolué. À mon arrivée, j’ai constaté un triple échec. La Fédération avait perdu 95 millions d’euros pendant la crise du Covid-19. Nous avons considérablement redressé la barre puisque la Fédération enregistre en 2022 ses meilleurs résultats financiers.

Je sens une vraie dynamique. La politique de proximité que nous avons initiée porte ses fruits. Nous avons réussi à recréer une vraie proximité avec la Direction technique nationale (DTN), loin de l’image d’une Fédération là-haut, dans son palais, éloignée de la réalité du terrain.

Enfin, nous avons énormément travaillé sur l’image du tennis. Nous avons ouvert le tennis partout et pour tous. Nous avons même rendu le Stade Roland-Garros accessible à d’autres disciplines. L’image du tennis est aujourd’hui très bonne. 

Pour en arriver là, nous avons dû passer par une étape de transformation de la Fédération. Cette modernisation était nécessaire. L’ambition et l’exigence sont au cœur de ces changements.

Comment cette bonne situation se traduit-elle financièrement ?

La marge brute d’autofinancement, le plus significatif des indicateurs, a doublé depuis 2019 pour s’établir à 60,7 M€. Nos délégués fédéraux, nos élus, soit l’organisme le plus important d’une fédération, ont validé à plus de 95 % la politique menée à la Fédération lors de notre assemblée générale tenue les 14 et 15/01/2023. Nous avons été élus pour changer notre modèle alors en échec, et nous l’avons fait.

Quel était votre chiffre d’affaires sur le dernier exercice ?

Il était de 378 millions d’euros en 2022, contre 325 M€ en 2019. Cela représenté 182 M€ de plus qu’en 2013. 

Pouvez-vous présenter le business model de la FFT ?

Plus de 80 % de nos recettes sont liées à Roland-Garros »

Notre principale source de revenus, c’est le tournoi de Roland-Garros. Plus de 80 % de nos recettes sont liées à cette compétition (soit 308,7 M€ de chiffre d’affaires en 2022).

Sur l’ensemble de nos revenus pour le tournoi de Roland-Garros, le sponsoring représente 20 %, les droits TV 37 %, les hospitalités 18 %, la billetterie 18 %, la Griffe (marque dédiée au tournoi) et diverses sources 7 %.

Pour la partie institutionnelle, les licences (et cotisations statutaires) représentent 7 % des revenus de la Fédération. La partie événementielle, incluant principalement Roland-Garros, mais aussi le Rolex Paris Masters, le Greenweez Paris Premier Padel Major et le Stade à l’année, représente 89 % des revenus de la FFT.

Combien de licenciés comptez-vous à ce jour ?

1,1 million de licenciés d’ici la fin de la saison »

En 2022, nous avions dépassé le million de licenciés durant la deuxième semaine de Roland-Garros, tandis qu’en 2023, nous avons atteint le cap du million dès le lundi 20/02/2023. On est donc en avance. Nos estimations pour la fin de saison sont de 1,1 million de licenciés.

Quelle est la part des licenciées ?

33 %. Cette part est en amélioration depuis 2019.

La part de vos licenciés « jeunes » est-elle en diminution ?

De nombreux clichés sur le tennis sont faux »

50 % de nos licenciés ont moins de 20 ans ! Et c’est le cas depuis de nombreuses années.

De nombreux clichés sur le tennis sont faux. “Sport de bourgeois, sport de vieux…” C’est faux ! La licence (+ cotisation) est accessible dès 50 euros dans nos clubs territoriaux. Il y a évidemment des personnes âgées qui jouent au tennis, mais c’est aussi l’une des forces de la discipline : on peut y jouer de 3 à 100 ans. C’est le sport de toute une vie. Une étude en Angleterre a montré que la pratique du tennis permettait un gain de 10 ans de vie, soit plus qu’aucun autre sport. Cependant, comme beaucoup de fédérations de sports, nous perdons les jeunes à l’adolescence et jusqu’à leurs 35 ans. À ce propos, le padel nous amène une clientèle nouvelle. 

Vous avez changé le positionnement de marque de Roland-Garros et du Rolex Paris Masters. Pour quelle raison ?

Cela fait partie de notre plan de transformation. Nous portons un regard nouveau sur ces compétitions. Avec Roland-Garros, nous étions installés dans une sorte de confort. Nous avons décidé de faire bouger les lignes (« Move the Lines With Style », la signature de marque du tournoi depuis 2022). Il faut que l’on arrête de juger le tennis au travers du prisme de la télévision (les chapeaux, les tribunes vides, etc.). Nous partageons cette vision avec Amélie Mauresmo. C’est également le cas avec Cédric Pioline, le directeur du Rolex Paris Masters depuis 2022. 

Comment jugez-vous les nouveaux dispositifs que vous avez implantés, notamment la « night session » à Roland-Garros ?

Je voudrais organiser des épreuves de roller et skateboard à Roland-Garros !  »

J’en suis très satisfait. C’est un travail de longue haleine : il a fallu changer l’éclairage, construire un toit, imaginer un nouveau produit, etc. Les night sessions nous apportent un public nouveau, c’est un produit de promotion pour le tennis. 

Nous sommes sur cette même logique de transformation lorsque nous ouvrons le stade à d’autres événements sportifs (boxe, basket, padel, beach volley). Et nous ne comptons pas nous arrêter là. Je voudrais organiser des épreuves de roller et skateboard à Roland-Garros !  

L’image du tennis est en train de changer. Je suis un président atypique, j’ai des tatouages, je porte des jeans, des baskets et jamais de cravate. Le tennis avait besoin de sortir de ce côté un peu coincé qui était le sien.  

Ce nouveau positionnement a-t-il eu un impact sur votre portefeuille de partenaires ?

Certains partenaires avaient peut-être perdu leur capacité à se remettre en question »

Certains partenaires avaient peut-être perdu leur capacité à se remettre en question et à se renouveler. Peugeot, présent avec nous depuis des années et avec qui nous avons monté d’innombrables opérations, avait peut-être perdu cette force là au fil des années. Renault est arrivé en prenant en compte la transformation de notre image, que cette entreprise veut façonner avec nous. La façon dont ils ont activé leur partenariat est une valeur ajoutée et renforce notre positionnement. 

Mais au niveau des partenaires, on est full. Nos sponsors sont fidèles depuis des années. Il ne devrait pas y avoir beaucoup de changements dans les années à venir. 

Mais vous avez changé l’image de marque du Rolex Paris Masters.

60 % du public qui vient suivre le Rolex Paris Masters est non licencié FFT »

Oui, car c’est un produit différent : c’est de l’indoor, les gens viennent pour vivre un spectacle, écouter de la musique, être divertis, etc. Tandis qu’à Roland-Garros, on est plus sur un public de connaisseurs. 60 % du public qui vient suivre le Rolex Paris Masters est non licencié FFT. Cet événement doit donc être en mesure d’attirer de nouveaux publics. 

Est-il possible, comme avec la Kia Arena à l’Open d’Australie, de voir venir une marque apposer son nom à l’un des courts de Roland-Garros ?

Le naming n’est pas d’actualité, nous devons préserver notre identité »

Dans le tennis, il y a deux événements qui sont marketés dans une même direction : Wimbledon et Roland-Garros. De la porte d’entrée jusqu’au siège dans les tribunes, il y a une unité de marque et d’identité. L’Open d’Australie est un melting pot : les stades d’infrastructures différentes ont été construits les uns après les autres. C’est d’ailleurs leur positionnement : ils accueillent 90 000 personnes par jour dans les grandes journées, contre 45 000 pour Roland-Garros. Chaque tournoi a sa spécificité.

Ainsi, le naming n’est pas d’actualité chez nous : je ne nous vois pas débaptiser un court pour lui donner le nom d’une marque. Cela ne fait d’ailleurs pas partie de nos offres commerciales auprès de nos partenaires. Le produit Roland-Garros est un très bon produit, un beau produit, dont l’identité est parfaitement positionnée, comme l’est Wimbledon. Nous devons préserver notre identité.

Dans le cadre de l’exploitation du site Roland-Garros par d’autres sociétés, quel est le rôle de la FFT ?

Il faut que l’organisation des événements nous rapporte un minimum »

Il y a plusieurs possibilités. Nous pouvons être producteur de l’événement : nous prenons en charge la billetterie, la recherche de partenaires, etc. Ensuite, nous pouvons être coproducteurs, auquel cas nous partageons les risques. Dans ce cas-là, nous ne faisons pas forcément payer la location de l’espace, mais nous prenons une marge sur la billetterie, la buvette ou le sponsoring. Enfin, l’autre solution est de simplement mettre l’espace en location.

Notre rôle va dépendre de la typologie de l’événement et de notre implication dans celui-ci. Nous menons deux objectifs dans le cadre de notre activité événementielle ”le Stade à l’année”. D’abord, nous voulons que l’événement proposé corresponde à l’image de Roland-Garros. Enfin, il faut que l’organisation des événements nous rapporte un minimum. Mais nous voulons préserver nos salariés. L’événementiel représente un travail colossal. Nous n’avons pas vocation à devenir l’Accor Arena.

Cet apport a-t-il été significatif en 2022 ?

Oui, c’était au-dessus de nos prévisions. 

Nous avons tout de même quelques contraintes : en raison des basses températures, nous ne pouvons pas organiser d’événement entre novembre et mars. 

Qu’attendez-vous des Jeux pour votre Fédération ?

Pour moi, la France n’est pas un pays de sport »

J’attends beaucoup des Jeux olympiques pour l’ensemble du monde du sport en France. Ce sera forcément un grand événement. On aura des grands Jeux, c’est certain. Ce qui m’intéresse, c’est de savoir ce que nous allons laisser comme héritage pour la France. 

Pour moi, la France n’est pas un pays de sport. L’Australie, des pays scandinaves, l’Espagne… ces pays respirent le sport. 400 jeunes tennismen français jouent dans des universités américaines. Cela signifie que nous n’avons pas été en mesure de garder ces jeunes pour qu’ils puissent faire leurs études et poursuivre leur pratique sportive en France. C’est un des sujets : comment faciliter l’accès au sport ? J’attends ainsi que la France devienne un pays de sport.

Concernant nos licenciés, nous allons décliner notre programme « Sites olympiques » au sein de nos clubs territoriaux afin qu’ils soient un maximum impliqués dans les Jeux. Nous allons continuer nos efforts sur le développement de l’Urban Tennis pour permettre au plus grand nombre de pratiquer le tennis. Nous voulons que le tennis soit joué partout et par tous, et pas uniquement par les happy few qui sont déjà dans les clubs. Nous voulons attirer une population qui n’est pas licenciée. La précédente direction avait lancé ”De la cour au court”, un très beau programme qui avait permis à pleins de jeunes de toucher pour la première fois une raquette. L’Urban Tennis s’inscrit dans la poursuite de cette initiative. Nous espérons en ouvrir une vingtaine d’ici les Jeux.

Nous avons récemment rencontré Dominique Faure, ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité (rattachée au ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires). Ainsi, avec la coopération de Jean-Pierre Siutat, le président de la FFBB, nous allons bientôt travailler sur la construction de terrains. 

Nous sommes également très complémentaires avec la Fédération Française de Roller & Skateboard : nous pouvons tout à fait imaginer des espaces dans lesquels on pourrait retrouver des terrains de tennis et des installations pour développer la pratique du roller et du skateboard. 

Avez-vous des attentes en termes de résultats sportifs ?

Nous ne nous sommes pas fixé d’objectifs de médailles »

Nous espérons que nos sportifs pourront jouer des médailles. Mais ce qui est le plus important pour nous, c’est ce que nous allons mettre en place autour des Jeux pour attirer de nouveaux licenciés dans nos clubs.

Nous ne nous sommes pas fixé d’objectifs de médailles. On a de bons jeunes, pour preuve, nous sommes le pays qui dispose du plus de joueurs dans le Top 100 de l’ATP, et ce malgré le fait qu’aucun ne figure dans le Top 30.

Êtes-vous inquiet des résultats du tennis français professionnel ?

Il faut changer les choses et notamment cette culture de la gagne »

Non, je ne suis pas inquiet. Nous avons considérablement amélioré la formation et les résultats des 14-21 ans. C’est après que nous avons un problème : nos jeunes gagnent en Junior, mais nous n’arrivons pas à faire perdurer leurs performances au niveau supérieur. Là-dessus, nous ne sommes pas bons. Or, nous misons beaucoup sur nos jeunes au travers de notre programme Paris 2024. C’est dans cette optique qu’Ivan Ljubičić nous a rejoint. Il faut changer les choses et notamment cette culture de la gagne. Nous voulons faire en sorte que nos jeunes soient prêts pour ces Jeux et les prochains.

À titre de comparaison, l’Italie a complètement changé sa façon de travailler. Nous avons d’ailleurs rencontré la Fédération italienne afin qu’ils nous présentent leur modèle. Certes, ils n’ont que six joueurs dans le Top 100 ATP, mais 10 Italiens de moins de 22 ans sont classés entre la 100e et la 200e place. C’est significatif. Nous devons nous inspirer de ce qui marche. Je n’invente rien : je m’inspire de ce qui fonctionne pour le réadapter à notre façon de faire. 

C’est la même chose pour le padel, le beach tennis et le para tennis, qui, à mon arrivée, étaient rangés au fond des placards. On était la Fédération du tennis et uniquement du tennis. Nous nous sommes complètement saisis de ces sujets. 

Nous avons créé le premier pôle national de tennis-fauteuil. Nos athlètes paralympiques bénéficient désormais d’une préparation spécifique. La Fédération n’avait jamais déployé autant de moyens pour le para tennis professionnel. En la matière, le Japon, les Pays-Bas et le Royaume-Uni sont en avance sur tout le monde (matériel, entraînement, etc.). Nous nous inspirons de ce qui est fait dans ces pays. Au Centre National d’Entraînement (CNE), nous mélangeons nos athlètes de tennis et de para tennis, qui désormais s’entraînent ensemble. Et nous nourrissons la même exigence à leur égard : désormais, nous les traitons comme de vrais athlètes de haut niveau. Ils s’entraînent 5 heures par jour ! Pourquoi traiterions-nous les para athlètes différemment des valides ? Eux aussi veulent des médailles à Paris 2024, et nous misons sur eux pour le faire.

Nous avons remis à l’ordre du jour le développement du padel et nous sommes très ambitieux sur la discipline. J’ai nommé Arnaud Di Pasquale comme directeur du padel, nous avons organisé un bel événement (le Greenweez Paris Premier Padel Major). Et désormais, tout le monde parle de padel ! Toutes les villes veulent des installations, accueillir des événements, accélérer la formation, etc. Nous avions donc vu juste.

Comment jugez-vous la volonté de rapprochement de Premier Padel (soutenu par QSI) et du World Padel Tour (détenu par le brasseur espagnol Damm) ?

Le padel est un réel investissement pour la FFT »

Avant de nous décider avec Arnaud Di Pasquale, nous avons échangé avec World Padel et la Fédération Internationale de Padel. Nous les avons poussés à travailler ensemble, à ne pas faire comme la boxe avec ses cinq ceintures différentes. Il fallait qu’ils se mettent d’accord. Mais ils n’ont pas réussi. Chacun a créé son circuit.

En tant que Fédération, il était évident que nous ne pouvions pas nous associer à une société commerciale qui vend de la bière et qui propose un circuit mondial principalement disputé en Espagne. Nous nous sommes donc associés à la FIP qui avait la chance d’être soutenu par QSI, une entité capable de marketer le circuit Premier Padel, ce que n’était pas en mesure de faire la FIP. Nous avons adhéré et même contribué à ce développement en organisant un Major ici à Roland-Garros (le Greenweez Paris Premier Padel Major). C’est un réel investissement dans le padel pour la FFT. Donc oui, ce rapprochement est une bonne chose pour le padel.

Aujourd’hui, le padel est un sport de pratiquants, ce n’est pas encore un sport de spectateurs : joueurs et joueuses restent pour l’heure encore méconnus du grand public en France. Nous avons un travail de pédagogie à mener. Dans notre vision, nous pensons qu’il y aura de nombreux pratiquants. Nous en sommes déjà 26 500 licenciés. Et pour faire croître ce chiffre, il faut faire la promotion de ce sport, d’où l’organisation d’un Major. Nous sommes également en train de travailler sur une école de tennis et de padel pour les enfants. Nous croyons très fort dans la discipline. 

Le monde du sport français est heurté par des affaires. Craignez-vous pour l’image du sport français à un an et demi des Jeux ? Quid de votre Fédération ?

Je ne pense pas que cela ternisse l’image du sport en France. Dans tous les domaines, lorsqu’il y a un événement phare, des dossiers réapparaissent. Je ne suis pas du genre à cacher les choses sous le tapis : s’il y a un problème, on en discute. Et si problème il y a, il faut le résoudre.

? « Je suis un président de terrain. La reconnaissance sociale, la notoriété, l’argent, je n’en ai pas besoin. Ma démarche, et c’était déjà le cas lorsque j’étais bénévole au sein de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes, s’inscrit dans l’intérêt du tennis. J’ai été chef d’entreprise pendant 35 ans, je suis un entrepreneur dans l’âme, j’ai envie de faire avancer les choses. Ce n’est pas un travail, c’est une passion. Alors oui, je suis exigeant et force de proposition avec mes collaborateurs. Ma volonté, c’est que l’on pousse tous ensemble dans la même direction. Je suis convaincu que la Fédération est sur la bonne voie », a déclaré Gilles Moretton, à News Tank le 08/02/2023.

? Il réagissait à l’article du média d’investigation français Mediapart publié la veille et qui évoquait des « dysfonctionnements dans la gouvernance de la FFT », instance au sein de laquelle 112 départs (sous des formes multiples) ont été recensés entre le 13/02/2021, date de l'élection de Gilles Moretton à la présidence, et le 31/12/2022.

? « Lorsqu’une nouvelle politique se met en place, il est évident que certains n’adhèrent pas. Ces personnes n’étaient peut-être pas en phase avec nous, mais elles ne disposaient aussi peut-être pas des compétences que l’on attendait. Car nous avons aussi apporté de nouvelles ressources à la Fédération, avec près de 120 personnes embauchées. Nous avons apporté de la compétence et un regard nouveau. Nous avons recruté des personnes qui avaient envie de faire bouger les choses et de se remettre en question », a indiqué le président de la FFT, qui avait adressé une réponse à Mediapart avant la parution de l’enquête. 

? « Donc oui, je l’assume. C’est bien de prendre la température des gens qui quittent la Fédération, mais j’aimerais bien que l’on sonde ceux qui y travaillent. Nous avons mis en place un baromètre social : celui de janvier 2023 affiche 4,15 sur 5 de satisfaction de la part des salariés envers le management », a-t-il ajouté.

Vous avez toujours été critique quant au format de la Coupe Davis proposé par le groupe Kosmos depuis 2018 (dont le contrat avec l’ITF a été rompu en 2023) …

Le produit proposé par Kosmos était catastrophique ! »

Certes, il fallait changer le format, c’était une nécessité : les joueurs jouaient trop, les matches en cinq sets étaient épuisants, il était devenu impossible de bloquer quatre semaines de compétition dans le calendrier, ceux qui jouaient à l’extérieur ne gagnaient pas d’argent…

Mais le produit proposé par Kosmos était catastrophique ! Les droits baissaient, les spectateurs allaient de moins en moins dans les arénas, etc. Ils s’en sont rendus compte eux-mêmes puisqu’ils ont changé trois fois de format. Mais ils ne cherchaient pas dans la bonne direction puisqu’ils cherchaient surtout de l’argent. La Coupe Davis, ce n’est pas ça : c’est un objet de promotion du tennis pour les fédérations. Elle permet de faire découvrir le tennis dans des pays où la discipline n’est pas exposée.

Les Pays-Bas nous ont laissé l’organisation de la rencontre France - Pays-Bas pour la Billie Jean King Cup 2022. Tant mieux pour nous, mais dommage pour eux, car c’était l’occasion d’aller faire connaître le tennis chez eux. C’est ça, le travail d’une Fédération ! Certes, cela demande du travail et coûte de l’argent, mais il faut l’assumer.

Quel est le but de votre rapprochement entre les fédérations organisatrices de tournois du Grand Chelem au sujet de la Coupe Davis ?

Les fédérations organisatrice des tournois du Grand Chelem souhaitent s’impliquer dans la Coupe Davis »

Nous voulons être constructifs. On ne veut plus d’un deal Kosmos. On en finit avec Kosmos en 2023, puis en 2024, ce sera autre chose. Nous voulons être partie prenante dans l’après 2023. On souhaite s’impliquer dans la Coupe Davis. 

Nous avons de très bonnes relations entre les divers représentants des tournois et des fédérations. Depuis un an et demi, nous échangeons de plus en plus : nous avons la volonté d’être unis pour parler d’une seule et même voix. Nous nous sommes rapidement dit que la Coupe Davis faite par Kosmos ne pourrait pas durer. Nous avions établi des rapprochements sur plusieurs sujets, et l’affaire Kosmos - ITF nous a obligés à prendre position conjointement. Nous voulons participer à ce que deviendra la Coupe Davis. 

Cela signifie-t-il que vous visez à prendre en charge conjointement l’organisation de la Coupe Davis ?

Nous verrons. 

Allez-vous créer ensemble une société commerciale commune ?

Pour l’instant, nous voulons participer à la discussion. Nous voulons fixer des limites à ce que peut faire l’ITF. Et c’est là où nous ne sommes pas d’accord. Eux sont très contents du produit, car ils sont satisfaits de donner plus d’argent aux joueurs, même si en réalité, ils n’avaient pas cet argent puisque Kosmos a dû arrêter… 

Il faut donc changer le format. En 2024, nous voulons associer l’ATP et les joueurs aux discussions. Nous allons tous nous mettre autour de la table pour envisager le futur de cette compétition historique."

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