Publié le 21 mars 2019

[News Tank Sport] Les enjeux de la Lidl Starligue

Etienne Capon, Directeur Général de la LNH, revient sur l'actualité de la LNH et sa récente prolongation avec beIN Sports

Le groupe de TV payante beIN Sports a prolongé ses droits de diffusion, en France, de la Lidl Starligue jusqu’en 2022-23, soit pour quatre saisons, le 05/02/2019. beIN Sports diffusera en direct l’intégralité des 182 matches par saison, soit 130 matches de plus par saison. Les droits acquis incluent également les finales de Proligue, la Coupe de la Ligue et le Trophées des champions.

Découvrez l'interview d'Etienne Capon, Directeur Général de la LNH (Ligue Nationale de Handball) :

  • beIN Sports a prolongé son accord avec la LNH à partir de 2019-20. S’agit-il d’un accord exclusif ?

beIN Sports a acquis l’ensemble des compétitions (Lidl StarLigue, la Proligue, le Trophée des champions, la Coupe de la Ligue et le Hand Star Game ) pour la période 2019-2023 dont la Proligue pour laquelle elle diffusera a minima les playoffs. Cet accord inclut la possibilité d’effectuer des sous-licences avec d’autres acteurs pour l’ensemble des compétitions. Il y a la volonté et l’obligation de diffuser la Lidl StarLigue en clair dans un volume d’a minima une dizaine de rencontres par saison. L’ambition, inscrite dans le document de l’appel d’offres, était qu’il y ait des matches en clair. beIN Sports pilote les discussions pour trouver ces fenêtres en clair via ce principe de sous-licence car il ne s’agit pas de droits réservés. On est en contact avec eux et on étudie ensemble les pistes potentielles.

  • Quel est le montant de l’accord et la part réservée à la LNH pour son fonctionnement ?

Le montant de l’accord est à peu près le même que celui de l’accord précédent avec une évolution graduelle du contrat saison après saison. Nous serons désormais intéressés à la commercialisation de certains droits (betting) et à celle de la commercialisation des droits à l’étranger dont se charge également beIN Sports. Jusque-là la part des droits TV attribuée à la LNH était fixée avec un plafond bien défini. Lors de ce prochain cycle, nous souhaiterions mettre en place un système de redistribution via un pourcentage. Cela doit être entériné lors de notre prochaine assemblée générale en mars 2019.

  • L’appel d’offres a été lancé le 24/05/2018, avec remise des offres au 26/06/2018, puis accord avec beIN Sports le 05/02/2019. Pourquoi un tel délai d’attribution ?

Il n’y avait pas d’urgence pour la LNH à contracter car l’exploitation de ces droits démarre en septembre 2019 et nous avions des ambitions élevées, pas seulement sur le montant du contrat, mais aussi sur l’exposition qui nous était offerte, sur le nombre de matches produits, sur les compétitions produites, sur l’assurance de disposer de fenêtres en clair, la promotion etc.

Nous avons conservé certains droits réservés pour les exploiter par nous-mêmes comme les droits betting (à commercialiser auprès des opérateurs de paris sportifs), des droits sur les résumés des matches, les droits « news access », soit de courts extraits mis à disposition au delà du droit à l’information de manière gratuite ou non. Ce sont autant de sujets de discussion qui sont longs.

Le marché des droits TV, suite à l’arrivée de Mediapro sur les droits de la Ligue 1 Conforama, a aussi été un peu perturbé. Le lancement de l’appel d’offres de la Ligue 1 pour 2020-2024 (La LFP a lancé l’appel d’offres pour les droits audiovisuels domestiques de la Ligue 1 Conforama pour la période 2020-2024, suite au vote à l’unanimité de son conseil d’administration, le 25/04/2018 avec attribution des lots le 29/05/2018) nous avait obligé à revoir le timing de lancement du notre. On avait prévu un calendrier d’appel d’offres qui aurait été à peu près similaire à celui de la LFP. On a du décaler le notre en conséquence.

  • Les créneaux de diffusion n’ont pas été modifiés ?

Non, l’exposition offerte par les créneaux actuels nous convient. L’EHF entend par contre décaler les matches de Coupes d’Europe, disputés actuellement le week-end, en semaine, dans le cadre de la refonte de ses compétitions à partir de 2020-21. Si cela est entériné, il faudra que l’on adapte notre dispositif.

  • La Proligue a désormais un système de playoffs national et son Final Four dont l’édition 2019 aura lieu à Saint-Brieuc dans la salle Steredenn (2 700 places). Est-ce une manière de rendre ce produit plus attractif ?

Les playoffs existent depuis une dizaine d’années, avant même que la compétition n’entre sous notre giron mais cela n’avait pas lieu sur un seul week-end mais sur un modèle semblable à celui de la Pro D2 (barrages entre les équipes classées de la deuxième à la cinquième place, l'équipe la mieux classée reçoit). Le principe de playoffs retarde la certitude que peuvent avoir les clubs par rapport à une montée en première division. A l’époque, certains clubs n’y étaient donc pas favorables notamment à cause des écarts d’exigences (administratives, sportives, financières etc.) entre les deux divisions. Si l’écart budgétaire demeure important, il est désormais moindre par rapport aux autres obligations.

Dans le cadre de ce premier appel d’offres commun ProLigue/Lidl StarLigue, il nous fallait également un format plus clair, plus lisible de ces playoffs de Proligue afin de les commercialiser. Dans le format précédent, on ne savait pas où allaient se jouer les matches ni quelle serait la salle d’accueil et sa capacité. Tout cela a favorisé un accord commun autour de ce nouveau système sachant qu’il y aura un système de barrages entre la 3e à la 6e place de Proligue pour obtenir le dernier ticket pour ce final Four. Ce système implique donc plus de clubs qu’avant à l’issue de la saison régulière et le Final Four attribue le titre de champion de Proligue.

Pour le choix de la salle, elle est issue d’un appel d’offres lancé auprès des clubs et des comités départementaux et régionaux. Saint-Brieuc est un territoire dynamique, qui respire le handball et neutre par rapport aux potentiels qualifiés pour ce Final Four.

  • Le Final four de la Coupe de la Ligue 2019 a eu lieu dans la salle Antarès (Le Mans) les 16 et 17/03/2019. Comment se fait la sélection du site hôte ?

Sur nos événements, on a un contrat qui court sur deux saisons avec le groupe S-PASS qui exploite des salles sur le territoire. On est en discussion pour prolonger notre accord. On organise donc les événements dans les salles du groupe. Le choix se fait entre eux et nous et répond aussi à cette volonté de développer au niveau local l’accès aux salles et de faire tourner les événements sur les différentes salles. A l’avenir, le modèle ne restera sans doute pas le même notamment avec l’expérience acquise, les nouvelles salles sorties de terre etc. Nous sommes en train de réformer le système de nos compétitions. Mais avant de choisir, nous devons être au clair sur notre feuille de route.

  • Trois clubs français avaient fini aux trois premières places du final Four 2018 de la Ligue des champions (HBC Nantes, le Paris Saint-Germain Handball et le Montpellier HB). Avez-vous réussi à capitaliser sur ce résultat ?

Ce résultat probant a une portée en terme de communication mais c’est compliqué de mesurer l’impact direct de chacun des efforts mis en oeuvre soit par la ligue soit par les clubs. Cela n’est pas mesurable. Cependant, les signes en termes de remplissage de salles ou de billetterie par exemple sont positifs. Pour le Final Four de la Coupe de la Ligue 2019, on n’a jamais été sur de si bons niveaux de remplissage. Nous avons aussi signé avec deux nouveaux partenaires (Auto Sécurité et Sécuritest). Nous sommes premiers au ranking EHF et nous avons le top trois européen de 2017-18, soit autant de bons arguments commerciaux.

  • Accompagnez-vous les clubs pour mettre à profit cette exposition ?

On travaille avec l’ensemble des acteurs, notre rôle est de les mettre en relation entre eux. Les clubs discutent ensemble et échangent leurs expériences. On organise des séminaires thématiques notamment avec Time For Biz une à deux fois par an. On essaye de leur apprendre des choses, de leur faire découvrir des bonnes pratiques d’autres sports ou secteurs. On favorise les échanges entre eux car, hors du terrain, ils ne sont pas concurrents, ils n’ont pas les mêmes zones de chalandise.

C’est aussi le fruit d’un travail de long terme mené sur le positionnement du championnat qui a aidé les acteurs à prendre conscience de leurs possibilités. On a montré que, dans une discipline marquée par l’humilité, on pouvait aussi faire preuve d’ambition et regarder les clubs étrangers dans les yeux. On vise le titre de meilleur championnat du monde depuis l’arrivée de Philippe Bernat-Salles au poste de président il y a quatre ans (remplacé par Olivier Girault, le 03/02/2018). On a participé à ce nouveau positionnement et ce regain d’ambition des clubs.

On aimerait suivre un destin proche du rugby. Quand on disait qu’on voulait être le troisième sport collectif en France, on nous prenait pour des fous mais les études menées sur l’intérêt de notre championnat montre que l’on dépasse le basketball alors pourquoi ne pas viser la deuxième place ?

  • La nouvelle enceinte du club du Cesson Rennes Métropole Handball, la Glaz Arena, a été homologuée par la LNH le 25/02/2019. Quel est votre rôle dans le développement du parc d’Arenas ?

Nous sommes conseils auprès des clubs et des collectivités lorsqu’elles nous sollicitent. Nous sommes en train de nous réorganiser en interne avec notamment la création d’une direction du développement qui serait en charge de cet accompagnement des clubs autour des questions d’enceinte (rénovation, création, exploitation, etc.). L’enjeu est aussi d’avoir la salle la mieux adaptée aux diffuseurs TV, la plus remplie et la plus belle possible.

On se renforce en interne administrativement. On repense notre organisation pour accompagner au mieux les 28 clubs, qui sont autant de caisses de résonance pour nous

 

Une interview News Tank Sport